En 2024, l’économie de la zone euro continue de faire face à des défis complexes, mais des signes positifs émergent. Contrairement à la tendance observée il y a près de dix ans, où la reprise post-crise financière se traduisait par une hausse continue de l’activité, la conjoncture actuelle est marquée par des changements structurels importants. L’année 2024 s’inscrit dans un contexte de ralentissement global, mais avec des secteurs clés qui tirent la croissance de la zone euro.
Une reprise contrastée après la pandémie et les crises énergétiques
Les séquelles de la pandémie de COVID-19 et les perturbations provoquées par les crises énergétiques de 2022 et 2023 ont freiné la reprise économique de la zone euro. Cependant, les mesures de soutien adoptées par les gouvernements européens et la Banque centrale européenne (BCE) ont contribué à maintenir une certaine stabilité.
Selon les données de l’indice PMI (Purchasing Managers’ Index), la croissance économique a montré des signes d’amélioration au début de l’année 2024. L’indice composite des directeurs d’achat pour la zone euro, qui suit l’activité du secteur manufacturier et des services, a atteint 52,3 en mars 2024, marquant une légère expansion par rapport à la fin de l’année précédente. Bien que cette hausse reste modeste par rapport aux pics de croissance observés au début des années 2020, elle témoigne de la résilience de certaines économies de la zone euro, notamment l’Allemagne et l’Espagne.
Les moteurs de la croissance : la transition verte et la numérisation
Deux moteurs clés émergent comme des piliers de la croissance en 2024 : la transition vers une économie verte et les investissements dans les technologies numériques. Les industries liées à l’énergie renouvelable et à la technologie propre connaissent une expansion rapide, soutenues par des politiques publiques ambitieuses de réduction des émissions de carbone. Les projets d’énergie solaire, éolienne et hydrogène attirent des investissements significatifs, non seulement des États membres, mais aussi du secteur privé.
Parallèlement, la transformation numérique accélérée pendant et après la pandémie continue d’apporter des bénéfices économiques considérables. Les entreprises de la zone euro adoptent de plus en plus de solutions basées sur l’intelligence artificielle, la robotique et les technologies de l’information pour améliorer leur efficacité et leur compétitivité. Le secteur des services, notamment la fintech, le commerce en ligne et les services informatiques, est l’un des principaux contributeurs à la reprise.
Pressions inflationnistes et défis de la chaîne d’approvisionnement
Néanmoins, les pressions inflationnistes restent un frein important à la croissance. En 2023, la hausse des prix de l’énergie, due à des tensions géopolitiques et à des perturbations dans l’approvisionnement mondial, a pesé lourdement sur l’économie européenne. En 2024, l’inflation reste élevée, atteignant 4,5 % en février, bien qu’elle soit en légère baisse par rapport aux pics de 2022. Les consommateurs et les entreprises continuent de ressentir les effets de cette inflation persistante, notamment en ce qui concerne les coûts des matières premières et les prix alimentaires.
De plus, les chaînes d’approvisionnement mondiales peinent encore à retrouver leur fluidité d’avant 2020. Les pénuries de composants clés, en particulier dans l’industrie automobile et les technologies, ralentissent la production dans plusieurs secteurs. Bien que les gouvernements européens aient lancé des initiatives pour relocaliser certaines industries stratégiques, la dépendance vis-à-vis de certains fournisseurs extérieurs, notamment en Asie, reste une préoccupation majeure.
Perspectives pour la zone euro en 2024
Malgré les défis persistants, les perspectives pour la zone euro en 2024 restent relativement positives. La Banque centrale européenne continue de maintenir une politique monétaire accommodante, tout en surveillant de près l’évolution de l’inflation. Les taux directeurs ont été légèrement relevés pour contenir les pressions inflationnistes, mais restent à des niveaux historiquement bas pour favoriser l’investissement et la consommation.
En outre, les fonds européens issus du plan de relance « NextGenerationEU » continuent de jouer un rôle clé dans la transformation structurelle des économies européennes. Les États membres bénéficient de financements massifs pour soutenir des projets d’infrastructure verte, de numérisation et de modernisation des systèmes de santé, renforçant ainsi la résilience économique à long terme.
Un carrefour économique important
En 2024, la zone euro se trouve à un carrefour économique important. Si les défis liés à l’inflation, aux chaînes d’approvisionnement et aux crises énergétiques demeurent, les secteurs porteurs tels que la transition énergétique et la numérisation offrent des perspectives encourageantes. La clé de la croissance durable réside dans la capacité des économies européennes à s’adapter à ces changements tout en naviguant dans un environnement mondial incertain. Les gouvernements et les entreprises devront travailler de concert pour surmonter les obstacles actuels et capitaliser sur les opportunités offertes par les transformations en cours.
Howard Archer, économiste en chef chez IHS Global Insight estime que la dernière PMI est « très encourageante« , ajoutant que l’amélioration de l’activité manufacturière était la bienvenue.
« Ce n’est pas seulement les chiffres globaux qui sont encourageants, mais le ton des enquêtes. L’activité économique de la zone euro se renforce grâce aux prix très faibles du pétrole, à un euro faible, à un stimulus de la BCE et des vents financiers contraires très réduits qui favorisent un environnement de croissance améliorée, » a t-il ajouté.