La Tontine familiale : Interview

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Temps de lecture : 4 minutes


En 2006, Marie, 58 ans, et son mari Jacques, 59 ans, habitant en région Rhône Alpes, ont décidé de mettre en place une tontine pour financer les études supérieures de leur fils. Aujourd’hui, ils partagent leur expérience sur ce système d’épargne communautaire qui a permis à leur famille de réaliser un projet important tout en renforçant les liens avec leur entourage.

Interview de Marie et Jacques, une solution solidaire pour financer des études

Q : Bonjour Marie et Jacques. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a poussés à créer une tontine en 2006 pour financer les études de votre fils ?

Marie : Bonjour. En 2006, notre fils Alexandre venait d’être accepté dans une école d’ingénieurs à Paris. Les frais de scolarité et le coût de la vie dans la capitale représentaient une somme importante pour nous. Nous souhaitions l’aider sans pour autant nous endetter lourdement. Jacques a alors proposé l’idée de la tontine, une pratique qu’il connaissait bien.

Jacques : En Guadeloupe, la tontine est une tradition plus ancrée qu’ici dans la culture. Je connaissais ça de mes parents ! C’est un moyen solidaire de réunir des fonds entre proches pour financer des projets. Je me suis dit que cela pourrait être une solution adaptée à notre situation.

Q : Comment avez-vous mis en place cette tontine ? Quels étaient les participants et les modalités ?

Jacques : Nous avons réuni dix personnes de confiance : des membres de notre famille, des amis proches et des collègues. Chacun s’est engagé à verser 200 euros par mois pendant dix mois. Chaque mois, la cagnotte de 2 000 euros était remise à l’un des participants, selon un ordre établi par tirage au sort.

Marie : Nous avons décidé d’être les premiers bénéficiaires pour pouvoir régler rapidement les frais d’inscription et le premier loyer d’Alexandre. Les autres participants avaient également des projets : achat d’une voiture, travaux de rénovation, voyage, etc.

Q : Quels ont été les avantages de cette tontine pour vous et les autres participants ?

Marie : Pour nous, cela nous a permis d’obtenir une somme conséquente immédiatement, sans intérêts à rembourser, contrairement à un prêt bancaire. Pour les autres, c’était une façon d’épargner régulièrement tout en ayant la garantie de recevoir une grosse somme à un moment précis.

Jacques : Cela a aussi renforcé la solidarité et la confiance entre nous. Chacun était responsable et engagé envers le groupe. C’était plus qu’une simple opération financière, c’était un projet commun.

Q : Avez-vous rencontré des difficultés lors du déroulement de la tontine ?

Jacques : Globalement, tout s’est bien passé. Cependant, un des participants a eu des soucis financiers à mi-parcours et ne pouvait plus assurer ses versements. Nous avons organisé une réunion pour en discuter. Finalement, nous avons convenu qu’il serait remplacé par une autre personne, afin de ne pas pénaliser le groupe.

Marie : Cette situation a montré l’importance de la communication et de la transparence. Nous avions prévu ce genre de cas dans notre accord initial, ce qui a facilité la résolution du problème.

Q : Quels conseils donneriez-vous à des personnes souhaitant mettre en place une tontine ?

Marie : D’abord, bien choisir les participants. La confiance est essentielle. Il faut que chacun soit sérieux et engagé. Ensuite, établir des règles claires par écrit : montant des versements, calendrier, modalités en cas de désistement, etc.

Jacques : Il est aussi important de nommer un responsable ou un trésorier qui gère les fonds et veille au respect des engagements. Et ne pas hésiter à organiser des réunions régulières pour faire le point et maintenir la cohésion du groupe.

Q : Depuis cette expérience, avez-vous renouvelé l’opération ?

Jacques : Oui, en 2012, nous avons lancé une autre tontine pour financer un voyage familial en Guadeloupe. Cette fois, nous étions huit participants avec des versements de 150 euros par mois sur huit mois. Cela nous a permis de passer des vacances inoubliables en famille.

Marie : La tontine est devenue pour nous une manière efficace et conviviale de réaliser des projets. C’est une pratique que nous continuons à encourager autour de nous.

Q : Comment votre fils a-t-il vécu cette démarche pour financer ses études ?

Marie : Alexandre a été très touché par cette initiative. Il a compris l’importance de la solidarité et de l’entraide. Cela l’a motivé à réussir ses études pour, à son tour, pouvoir aider les autres.

Jacques : Aujourd’hui, il est ingénieur et participe lui-même à une tontine avec ses amis pour financer des projets associatifs. La boucle est bouclée !

L’expérience de Marie et Jacques illustre comment la tontine peut être un outil puissant pour financer des projets personnels tout en renforçant les liens sociaux. En misant sur la confiance et la solidarité, ils ont non seulement réussi à soutenir les études de leur fils, mais aussi à perpétuer une tradition culturelle riche de sens.

Note : La tontine est une pratique qui nécessite une organisation rigoureuse et une confiance mutuelle entre les participants. Avant de se lancer, il est important de bien comprendre les mécanismes et les obligations de chacun pour assurer le succès de l’opération.

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