Le Livret A, placement préféré des Français pour sécuriser leurs économies, pourrait voir son taux de rémunération diminuer une nouvelle fois en 2025. Après un gel à 3% en août 2023, le taux sera révisé en février 2025, suivant l’évolution de l’inflation et des taux interbancaires. Si cette révision est une conséquence directe de la baisse des prix, elle n’est pas forcément favorable aux épargnants qui cherchent à protéger leur pouvoir d’achat. En effet, l’inflation, bien qu’en ralentissement, reste un facteur clé dans la détermination du rendement du Livret A. De plus, les récentes décisions de la Banque centrale européenne (BCE) sur les taux directeurs accentuent encore la perspective d’une baisse de ce placement incontournable. Que faut-il donc attendre pour le taux du Livret A en 2025 ? La réponse semble déjà se dessiner, et elle risque de décevoir les épargnants.
Une inflation maîtrisée, une mauvaise nouvelle pour les épargnants
En août 2024, l’inflation s’est stabilisée à 1,8% sur un an, selon les chiffres de l’Insee publiés le 13 septembre. Ce ralentissement de la hausse des prix est certes une excellente nouvelle pour les consommateurs, mais il en va autrement pour les épargnants, notamment ceux qui comptent sur le Livret A pour faire fructifier leur argent. En effet, le taux du Livret A est directement influencé par l’évolution de l’inflation, et cette dernière, en baisse continue, devrait entraîner une nouvelle révision à la baisse du rendement de ce placement garanti en février 2025.
Si l’inflation poursuit sa descente, elle devrait se limiter à 1,6% en décembre 2024, d’après les dernières prévisions de l’Insee. En conséquence, alors que le taux du Livret A est actuellement gelé à 3% depuis le 1er août 2023, une revalorisation de ce taux interviendra en février 2025. Malheureusement pour les épargnants, cette revalorisation pourrait bien signifier une baisse, en raison des calculs basés sur l’inflation et les taux interbancaires.
Des taux interbancaires également en baisse
Impact de la décision de la BCE
L’autre composante de la formule de calcul du taux du Livret A repose sur les taux interbancaires, en particulier le taux €STR, qui reflète le coût de l’emprunt entre les banques. Actuellement à 3,66%, ce taux a été affecté par la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de réduire ses taux directeurs de 0,25 point, prise le 12 septembre. Il est donc prévu que les taux interbancaires chutent également, pour atteindre environ 3,4% dans les semaines à venir.
Cette baisse des taux interbancaires, associée à la baisse de l’inflation, laisse peu d’espoir à ceux qui espéraient un maintien du rendement actuel du Livret A. Sur les six derniers mois de l’année, les taux interbancaires devraient afficher une moyenne de 3,5%, ce qui contribuera à une réduction du taux du Livret A au 1er février 2025.
Un calcul défavorable pour les épargnants
Le calcul du taux du Livret A est simple : il prend en compte à parts égales l’inflation hors tabac et la moyenne semestrielle des taux interbancaires. Avec une inflation prévue à 1,8% pour le second semestre 2024 et des taux interbancaires autour de 3,5%, le taux du Livret A devrait se situer entre 2,6% et 2,7%, en baisse par rapport aux 3% actuels.
Cette réduction sera appliquée avec la rigueur budgétaire qui caractérise les nouvelles orientations du gouvernement de Michel Barnier. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, et le futur ministre des Finances devraient suivre la formule de calcul à la lettre, laissant peu de place à une quelconque intervention pour maintenir le taux à son niveau actuel. Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, souligne qu’après un an et demi de gel, il est improbable que le gouvernement refuse d’abaisser le taux en 2025.
Le coût fiscal du Livret A pour l’État
Le Livret A, bien que populaire pour sa sécurité et son exonération fiscale, représente un manque à gagner important pour les finances publiques. En 2024, l’exonération d’impôt sur les intérêts de ce produit d’épargne devrait coûter près de 400 millions d’euros à l’État, selon les estimations de Bercy. Cette situation explique en partie la volonté de maintenir un taux de rendement modéré, afin de limiter le coût de cette niche fiscale pour les finances publiques.
Pour les épargnants, la baisse attendue du taux du Livret A en 2025 est donc à la fois une conséquence de la décrue de l’inflation et des impératifs budgétaires. Si les prix à la consommation baissent, les rendements des livrets garantis suivront la même trajectoire, ce qui obligera probablement les épargnants à revoir leur stratégie financière en quête de placements plus rémunérateurs.