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S&P abaisse la note souveraine de la France à A+

S&P GLOBAL

Nouvelle onde de choc sur les marchés financiers : l’agence de notation 1 S&P Global Ratings a annoncé ce week-end la dégradation de la note de la dette souveraine française, abaissée d’un cran à A+. Une décision symbolique et lourde de conséquences, qui place désormais l’Hexagone au même niveau que le Portugal, l’Espagne, la Chine ou encore le Japon, sur l’échelle de la solvabilité des États.

Une sanction qui traduit une inquiétude persistante sur les finances publiques

Cette nouvelle dégradation intervient dans un contexte de méfiance croissante des marchés à l’égard de la trajectoire budgétaire française. Selon S&P, « l’incertitude sur les finances publiques reste élevée », malgré la présentation du projet de loi de finances pour 2026. En clair : le cap affiché par Bercy ne convainc plus.

L’agence critique en particulier le rythme jugé trop lent de la consolidation budgétaire. Même si le gouvernement maintient son objectif de déficit à 5,4 % du PIB en 2025, celui-ci reste largement au-dessus des critères européens. S&P estime ainsi que la dette publique brute atteindra 121 % du PIB d’ici 2028, contre 112 % attendus fin 2024. Un niveau qui éloigne un peu plus la France du noyau dur de la zone euro.

S&P estime ainsi que la dette publique brute atteindra 121 % du PIB d’ici 2028

La nouvelle notation – A+/A-1 – est accompagnée d’une perspective stable, traduisant l’idée que l’agence n’anticipe pas de nouvelle baisse à court terme. Mais elle reflète également une perte de confiance durable dans la capacité de Paris à redresser rapidement ses comptes.

Un signal d’alarme dans un paysage européen fragmenté

En rejoignant des pays comme le Portugal ou l’Espagne au niveau A+, la France perd un élément de différenciation crucial aux yeux des investisseurs. Car, bien que ces économies affichent encore des fragilités structurelles, leurs efforts récents en matière budgétaire, notamment au Portugal, ont été salués par les agences.

À l’inverse, la France souffre d’une image de puissance moyenne ralentie par une gouvernance budgétaire hésitante, et par une succession de révisions de trajectoires depuis la crise du Covid. L’annonce de S&P fait suite à celle de Fitch, qui avait déjà rétrogradé la note française fin septembre. Moody’s doit rendre sa propre décision le 24 octobre prochain.

Comparatif des notations souveraines (octobre 2025)

PaysNotation S&PÉvolution récente
AllemagneAAAStable
FranceA+↓ Dégradée en octobre 2025
PortugalA+↑ Améliorée en 2023
EspagneA+Stable
ItalieBBBStable

Une facture potentiellement salée pour les finances de l’État

Les agences de notation n’ont pas de pouvoir réglementaire, mais leurs décisions influencent directement le coût d’emprunt des États. En théorie, une note plus basse se traduit par un taux d’intérêt plus élevé sur les émissions obligataires. Dans un contexte de taux déjà haussiers en zone euro, la France pourrait voir sa charge de la dette s’alourdir plus rapidement que prévu.

Roland Lescure, ministre de l’Économie par intérim, a réagi en prenant « acte de la décision » de S&P 2, tout en réaffirmant la volonté du gouvernement de tenir ses engagements. Une ligne de défense prudente, dans un contexte politique tendu à l’approche des débats parlementaires sur le budget.

Dans les faits, cette sanction financière pourrait contraindre l’exécutif à faire des choix budgétaires plus clairs : réduction des dépenses publiques, relèvement de certaines recettes, ou arbitrages plus visibles entre les priorités économiques.

Entre réputation et réalité, une alerte stratégique

Si cette nouvelle dégradation peut sembler avant tout symbolique, elle remet en lumière une fragilité structurelle : la difficulté chronique de la France à maîtriser sa dépense publique, dans un contexte où la soutenabilité de la dette devient un enjeu majeur de crédibilité économique.

Elle vient également heurter une image que Paris cherche à préserver : celle d’un État stable, fiable, au cœur de l’Union européenne, capable de faire face aux défis climatiques, sociaux et géopolitiques. La note A+ n’est pas un déclassement massif, mais elle interpelle.

Alors que plusieurs voisins (Portugal en tête) ont vu leur notation s’améliorer ces dernières années grâce à une gestion rigoureuse, la France donne aujourd’hui l’image d’un pays embourbé dans ses propres contradictions budgétaires.

Le signal est clair : la crédibilité financière ne se décrète pas. Elle se gagne.

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