Présente à Paris, Amsterdam, Bruxelles, Milan ou encore Lisbonne, Euronext s’est imposée en deux décennies comme l’un des piliers de l’infrastructure boursière en Europe. Pourtant, le nom reste souvent méconnu du grand public, éclipsé par les marques nationales historiques comme “la Bourse de Paris” ou “la Borsa Italiana”. Derrière cette discrétion se cache un acteur stratégique, au rôle central dans le financement de l’économie européenne.
Une bourse européenne, fédérée et technologique
Créée en 2000 par la fusion des Bourses d’Amsterdam, Bruxelles et Paris, Euronext 1 est née avec une ambition claire : construire un marché financier intégré à l’échelle européenne. Une ambition concrétisée par la suite avec l’intégration progressive de Lisbonne (2002), Dublin (2018), Oslo (2019) et Milan (2021), positionnant Euronext comme la première plateforme boursière européenne en nombre de sociétés cotées.
À la différence d’un simple opérateur national, Euronext opère selon un modèle fédéral, combinant gouvernance locale et mutualisation des outils. Chaque place conserve ses spécificités, juridiques, linguistiques, réglementaires, tout en bénéficiant d’une infrastructure commune, notamment la technologie Optiq 2, moteur de négociation propriétaire développé en interne.
Le groupe, coté à Paris, réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires dans quatre domaines : les transactions sur actions et produits dérivés, les services de cotation pour les entreprises, les activités post-marché (clearing, règlement-livraison) et les services technologiques à destination d’acteurs tiers.
Un rôle central dans le financement des entreprises
Euronext est surtout le lieu par lequel des centaines d’entreprises, de la PME régionale à la multinationale, lèvent des capitaux pour financer leur croissance. Fin 2024, plus de 1900 sociétés étaient cotées sur les différents marchés du groupe, pour une capitalisation boursière globale de plus de 6000 milliards d’euros.
En facilitant les introductions en bourse (IPO), en gérant des marchés spécialisés comme Euronext Growth ou Tech Leaders, et en accompagnant les levées de fonds via des émissions d’actions ou d’obligations, Euronext agit comme un intermédiaire vital entre l’épargne et l’investissement productif.
Au-delà de l’activité transactionnelle, le groupe mise de plus en plus sur la diversification, avec des services de données financières, d’indices (Euronext est propriétaire du CAC 40), ou encore de conseil en ESG pour les émetteurs.
Un réseau européen au service des marchés
Si Euronext est juridiquement basé à Paris et coté sur Euronext Paris, son fonctionnement est résolument européen. Le groupe opère dans 7 pays : France, Pays-Bas, Belgique, Portugal, Irlande, Norvège et Italie, chacun ayant conservé sa place boursière historique et ses spécificités locales. Ce modèle dit « fédéral » permet d’allier proximité, expertise nationale et mutualisation technologique à l’échelle du continent.
Les principales plateformes de cotation sont situées à Paris, Amsterdam, Bruxelles, Milan, Dublin et Lisbonne. Euronext y gère des marchés d’actions, d’obligations, de produits dérivés et de services aux émetteurs. À cela s’ajoutent 4 grands centres de post-marché, les Euronext Securities, en Italie (Milan), au Portugal (Porto), en Norvège (Oslo) et au Danemark (Copenhague), qui assurent le règlement-livraison et la conservation des titres.
Le groupe dispose également de plusieurs hubs technologiques. Le plus emblématique est situé à Porto, au Portugal , où Euronext a inauguré en septembre 2025 son nouveau siège national dans un bâtiment historique rénové. Ce centre abrite désormais les équipes spécialisées en cybersécurité, infrastructure numérique et intelligence artificielle. Porto illustre à la fois l’ancrage local d’Euronext et sa volonté de s’appuyer sur des pôles de compétences en dehors des capitales traditionnelles.
Vers une souveraineté européenne des marchés ?
Dans un contexte géopolitique instable et face à la domination des géants américains comme Nasdaq ou le CME Group, Euronext revendique un modèle fondé sur la souveraineté financière européenne. Le rachat de la Bourse de Milan en 2021, avec le soutien du gouvernement italien, s’inscrivait dans cette logique de consolidation continentale, tout comme la stratégie « Innovate for Growth 2027 » 4 qui vise à renforcer l’intégration post-Brexit.
Reste que l’équilibre est fragile. L’hétérogénéité des régulations nationales, la concurrence de Londres, ou encore l’essor des plateformes de négociation alternatives imposent au groupe une vigilance constante. Sa réussite dépendra de sa capacité à concilier innovation technologique, ancrage local et ambition paneuropéenne.
Une marque discrète mais incontournable
Bien que moins visible qu’un Nasdaq ou qu’une banque centrale, Euronext est devenu en vingt ans un rouage essentiel du système financier européen. Son rôle dépasse celui d’un opérateur de marché : il est un facilitateur d’investissement, un levier de croissance et un outil de souveraineté économique. Dans un monde en transition, où le financement de l’économie verte, numérique et résiliente sera crucial, Euronext entend bien être un acteur central, discret, mais décisif.
- Euronext : https://www.euronext.com/ ↩︎
- Optiq : https://www.euronext.com/en/data/how-access-market-data/euronext-optiq-mdg-cloud ↩︎
- Innovate for Growth 2027 : https://www.euronext.com/en/innovate-for-growth-2027 ↩︎
Journaliste financier | Analyste des marchés | Pédagogue économique Bonjour, je m’appelle Alex, j’ai 39 ans et j’exerce depuis plus de deux décennies dans le journalisme économique et financier. Mon objectif : rendre compréhensibles les rouages complexes des marchés financiers et des grands équilibres économiques pour un large public. Passionné par l’analyse macroéconomique, les dynamiques boursières et les tendances d’investissement, j’apporte chaque jour un regard rigoureux, indépendant et accessible sur l’actualité économique. Mon travail consiste…







