N’est-il pas plus simple de s’incliner devant l’évidence et de s’en réjouir ?
L’évidence est apportée par les travaux du National Bureau Research, organisme officiel du gouvernement des Etats-Unis ; il enregistre depuis 1863 les mouvements de production et du nombre des travailleurs. Ces études montrent que la courbe de la production agricole et celle du nombre des travailleurs demeurent parallèles jusqu’en 1920. La première continue ensuite de monter, tandis que la seconde s’infléchit définitivement. Les courbes de la production industrielle et de l’emploi restent parallèles jusqu’en 1919 ; puis la première continue à monter, tandis que la seconde descend sans arrêt. Depuis ces dates, l’écart entre ces courbes grandit continuellement tant que règne la paix. Le même phénomène se remarque avec un peu de retard dans les autres nations industrialisées.
Quand Roosevelt prend le pouvoir, le 04 mars 1933, les agriculteurs sont en pleins effervescence, les banques sont fermées, et l’on estime que le nombre des chômeurs complets dépasse quinze millions. Cependant le brain trust, dont le nouveau président s’est en touré, ignorait le phénomène que je viens de décrire, car Roosevelt inaugure une nouvelle politique économique qu’il baptise le new deal (nouvelle donne). Assimilant l’économie à un jeu de cartes, il est clair qu’il faut des cartes pour le jouer ; Or si les chômeurs sont hors du jeu, c’est qu’ils n’ont pas de cartes, c’est-à-dire pas de travail. Il y a donc maldonne et il faut redistribuer les cartes pour que les chômeurs aient des “occasions de travail” leur conférant le droit de prélever leur part sur les richesses produites. Commençons donc par faire disparaître les stocks qui sont "excédentaires", puisque personne ne les achète ! On assainira les marchés…
Cependant ces stocks n’avaient-ils pas été produits sans le travail des chômeurs ? Alors pourquoi leur travail deviendrait-il nécessaire pour les reconstruire ? [...]
Cependant la tension internationale qui s’aggravait allait permettre de trouver des débouchés à des millions de gens sans emploi. L’économie allemande, malgré les brillants succès de son commerce extérieur, était en pleine désorganisation. Le pays comptait près de 7 millions de chômeurs complets.