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Bourse : rétrospective 2024 et perspectives 2025

bilan et perspective

Après une année 2024 contrastée, le monde boursier entame 2025 dans un climat teinté de prudence, entre attentes de reprise et craintes géopolitiques. À Paris, le Cac 40 affiche un repli de 0,45 % à 7.347 points au matin du 2 janvier, poursuivant la tendance baissière de l’année précédente. La majorité des valeurs de l’indice, à l’image d’Hermès, sont orientées à la baisse. Cette entrée en matière illustre la nervosité persistante des investisseurs face aux incertitudes économiques mondiales. Mais au-delà de ces chiffres d’ouverture, c’est toute une année de mouvements et de signaux qu’il convient d’analyser pour comprendre les dynamiques à l’œuvre.

Une année 2024 morose pour les actions françaises

Malgré des performances mondiales globalement positives, la Bourse de Paris a terminé 2024 en net retrait, enregistrant une baisse de 2,15 %. Ce recul, isolé en comparaison avec les autres places européennes, traduit un climat d’instabilité propre à l’économie française et à son exposition sectorielle. La faiblesse de la demande chinoise, notamment dans le secteur du luxe, a fortement pesé sur des poids lourds comme LVMH et L’Oréal, entraînant l’ensemble de l’indice dans leur sillage.

À cela s’ajoute une conjoncture politique nationale compliquée. Les tensions autour du budget 2025 et l’annonce d’une motion de censure contre le gouvernement Barnier ont contribué à alimenter l’incertitude des marchés. La note souveraine de la France, bien qu’épargnée pour l’instant, reste sous surveillance. Le déficit public a franchi les 6 %, et son redressement à 5 % semble ambitieux aux yeux des analystes.

Dans ce contexte, le sentiment général des investisseurs vis-à-vis des actions françaises est demeuré froid. Le CAC 40 a ainsi souffert d’une baisse quasi intégralement imputable à des révisions négatives de bénéfices par action (BPA). Le multiple de valorisation moyen (13,8x les BPA) est resté stable, traduisant un marché qui n’est ni euphorique, ni fondamentalement pessimiste.

Ce climat de défiance s’est également reflété dans l’indice Morningstar France, en recul de 3,5 % hors dividendes au 29 novembre, alors même que les actions européennes affichaient une hausse de 9 % sur la même période. Une des pires performances du continent.

Les causes de la sous-performance française

Une exposition sectorielle pénalisante

Le CAC 40 dépend fortement de secteurs mondiaux exposés à la conjoncture chinoise. Le ralentissement de l’économie de l’Empire du Milieu a particulièrement touché les valeurs du luxe et de la consommation. Ces dernières, longtemps surévaluées, ont connu une normalisation sévère de leurs cours en 2024, inversant la surperformance observée les années précédentes.

Cet effet sectoriel a été amplifié par une dégradation des perspectives industrielles européennes. En décembre, l’indice PMI manufacturier français s’est établi à 41,9, soit son plus bas niveau depuis près de cinq ans. En Allemagne, le chiffre n’est guère plus élevé, à 42,5. Ces indicateurs laissent entrevoir une conjoncture industrielle atone pour les mois à venir.

Une situation politique inquiétante

Au-delà des fondamentaux économiques, c’est surtout l’instabilité politique qui inquiète les investisseurs. Le gouvernement Barnier peine à rassurer sur sa capacité à redresser les finances publiques. Et si la France a échappé à une dégradation de sa note de crédit, la menace reste latente.

Cette incertitude alimente une prudence généralisée vis-à-vis des actifs français, entraînant des flux de capitaux vers des zones jugées plus stables, notamment les États-Unis. Le climat politique pourrait ainsi continuer de peser sur les valorisations boursières hexagonales tant qu’aucun cap clair n’aura été affirmé.

Une dynamique internationale défavorable

Enfin, la comparaison avec les performances internationales, notamment américaines, accentue le sentiment de décrochage. Alors que le Nasdaq s’envole de 28,6 % et le S&P 500 de 23,3 %, les actions françaises stagnent. L’écart s’explique par la vigueur de l’économie américaine, mais aussi par l’engouement autour de l’intelligence artificielle et la baisse des taux anticipée de la Fed.

Alors que le Nasdaq s’envole de 28,6 % et le S&P 500 de 23,3 %, les actions françaises stagnent

À cela s’ajoute une perception défavorable de la capacité des entreprises européennes à générer des profits. Alors que 70 % des revenus du Stoxx Europe 600 proviennent de l’international, contre 30 % pour le S&P 500, l’exposition aux risques globaux est plus forte, ce qui bride la valorisation des sociétés européennes.

Perspectives 2025 : un optimisme prudent

Malgré ces vents contraires, plusieurs signaux positifs émergent. D’abord, la Banque centrale européenne a amorcé une détente monétaire, avec déjà deux baisses de taux effectives. Une poursuite de ce mouvement pourrait redonner un souffle au crédit et soutenir la consommation en zone euro.

Ensuite, le consensus Factset table sur une croissance des BPA de près de 9 % pour les entreprises du CAC 40 en 2025. En cas de stabilisation politique et d’amélioration macroéconomique, les valeurs françaises pourraient reprendre de la vigueur. Un rebond de certaines locomotives sectorielles, comme le luxe, n’est pas à exclure.

Des prévisions prudentes mais encourageantes

Xavier Chapard, stratégiste chez LBPAM, anticipe une progression de 6 % à 7 % des actions françaises en 2025. Il évoque un environnement plus favorable : reprise du crédit, hausse des salaires réels, soutien budgétaire en Allemagne. Catherine Garrigues, d’Allianz Global Investors, souligne quant à elle le rôle clé de la consommation des ménages et la possible revalorisation des multiples de valorisation si le sentiment de marché évolue.

Un autre facteur d’apaisement pourrait venir de la politique étrangère des États-Unis. Si Donald Trump revient à la présidence mais applique une politique commerciale moins agressive que redoutée, l’impact sur les exportations européennes pourrait être plus faible que craint.

Une reprise conditionnée à la confiance

La Bourse de Paris entre dans 2025 avec un capital confiance à reconstruire. L’année écoulée a révélé les vulnérabilités d’un modèle économique trop dépendant de certains marchés et trop sensible à l’instabilité politique. Mais les fondamentaux de certaines entreprises restent solides, et les anticipations de bénéfices reprennent des couleurs.

Si la BCE poursuit sa détente, si la croissance européenne se confirme, et si le climat politique s’apaise, alors les actions françaises pourraient redevenir attractives. La prudence reste de mise, mais l’espoir d’un retour en grâce n’est pas hors de portée.

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