Elles ont des objectifs communs et n’hésitent pas à intervenir massivement pour aider leurs régions à sortir de la crise. La Fed et la BCE inonde le marché de liquidités depuis de nombreux mois. La première achète 85 Md$ de bons du Trésor et MBS chaque mois depuis plus d’un an tandis que la seconde n’hésite pas à acheter des obligations d’Etats européens en difficulté afin de soulager leurs conditions de financement. Cependant, les trajectoires que devraient suivre les 2 institutions au cours des prochains mois devraient être diamétralement opposées.
La Fed : rôle et impact sur l’économie mondiale
La Réserve fédérale américaine, plus communément appelée la Fed, joue un rôle essentiel dans la régulation de l’économie mondiale. En tant que banque centrale des États-Unis, la Fed est responsable de la politique monétaire du pays. Son principal objectif est de maintenir la stabilité des prix, le plein emploi et de modérer les taux d’intérêt à long terme. Pour y parvenir, elle utilise divers outils, dont la fixation des taux directeurs qui influencent directement le coût du crédit, l’inflation, et la croissance économique.
Les décisions de la Fed ont un impact bien au-delà des frontières américaines. Les ajustements de ses taux d’intérêt affectent les marchés financiers mondiaux, les devises, et les économies de nombreux pays. Par exemple, une hausse des taux par la Fed peut provoquer une appréciation du dollar, rendant les emprunts plus coûteux pour les pays dont la dette est libellée en dollars. C’est pourquoi les annonces de la Fed sont suivies avec attention par les investisseurs et les gouvernements du monde entier.
La BCE : une institution clé pour la stabilité financière européenne
La Banque centrale européenne (BCE) est l’institution chargée de gérer la politique monétaire de la zone euro, qui regroupe les 20 pays ayant adopté la monnaie unique. Son principal mandat est de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro, en veillant à ce que l’inflation reste proche mais inférieure à 2% à moyen terme. Pour ce faire, la BCE ajuste les taux d’intérêt et mène des opérations de refinancement pour soutenir l’économie.
La BCE joue également un rôle crucial dans la gestion des crises économiques et financières en Europe. Lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro, elle a mis en place des programmes de rachat d’obligations pour stabiliser les marchés financiers et rassurer les investisseurs. Plus récemment, la BCE a pris des mesures exceptionnelles, comme des rachats massifs d’actifs (quantitative easing), pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 et soutenir la reprise économique.
La Fed pourrait (enfin) commencer le « tapering »
« Tapering » : ce mot fait trembler les investisseurs du monde entier dès qu’il est évoqué par un membre du FOMC. Signifiant la fin progressive des injections massives de liquidités, le « tapering » de la Fed pourrait intervenir plus tôt que prévu. En effet, les bons chiffres de l’emploi du mois d’Octobre avec plus de 200 000 créations d’emploi et une croissance économique se hissant à 2,8% au troisième trimestre envoient des signes forts de reprise outre-Atlantique. Si ces bonnes statistiques venaient à se confirmer, la politique de soutien massive à l’économie américaine, connue sous le nom de QE3, ne serait plus autant justifiée et la Fed déciderait probablement de réduire ses achats massifs. La Fed a, par ailleurs, commencé à préparer l’opinion publique a un arrêt progressif du QE3 tout en indiquant qu’aucun calendrier précis n’était établi.
La BCE pourrait accentuer son soutien à l’économie
De son côté, la BCE semble s’engager sur une tout autre voie. Ayant abaissé cette semaine son principal taux directeur de 25 pts de base à 0.25%, l’établissement présidé par Mario Draghi souhaite mettre en place tous les moyens nécessaires pour faire revenir l’inflation à un niveau proche des 2% contre 0.7% actuellement. La situation économique en Europe peine à repartir et le taux de chômage est toujours à un niveau alarmant. La BCE tient donc un discours radicalement opposé à celui de la Fed. La Banque Centrale Européenne tient à rassurer les investisseurs en expliquant qu’elle mettrait tout en œuvre pour sortir la zone euro du marasme qui la touche depuis quelques années.
Alors que la Réserve Fédérale Américaine prépare l’opinion à un retrait progressif du QE3, la BCE prend à contrepied la Fed en se disant prête à intervenir davantage afin de mieux contrer les risques de déflation qui pèsent sur la zone Euro.