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Les comptes rémunérés gagnent du terrain face au livret A

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Confrontés à un nouveau repli du taux du livret A, tombé à 1,7 % net depuis le 1er août, les Français cherchent des alternatives pour placer leur argent. Une aubaine pour les banques en ligne et les fintechs, qui multiplient les offres de comptes courants rémunérés, longtemps restés marginaux en France. Ces produits promettent de transformer un compte de flux en véritable outil de valorisation, dans un contexte où les dépôts à vue atteignent des niveaux records.

Un désamour croissant pour le livret A

Selon un rapport publié en juillet par la Banque de France, les Français détiennent en moyenne 7700 euros sur leur compte courant. Dans le même temps, le livret A a enregistré en juillet une décollecte nette de 70 millions d’euros, un phénomène inédit pour ce mois traditionnellement favorable, marqué en moyenne par 1,25 milliard d’euros de dépôts sur les dix dernières années. La baisse de son rendement a accentué ce mouvement, réduisant l’attrait du produit d’épargne « préféré des Français ».

Face à ce recul, certains établissements bancaires cherchent à capter cette manne de liquidités dormantes en proposant des solutions intermédiaires, moins contraignantes et plus souples que les livrets réglementés.

Les banques en ligne à l’offensive

Dernière initiative en date : Monabanq (groupe Crédit Mutuel), qui propose depuis le 1er septembre une rémunération de 2% brut (1,4% net) pendant douze mois pour les nouveaux clients ouvrant un compte avant la fin de l’année. L’offre, plafonnée à 4000 euros et conditionnée à l’utilisation de la carte bancaire au moins dix fois par mois, illustre la stratégie d’acquisition agressive menée par ces acteurs.

« C’est une réponse simple à une attente forte », résume Stéphane Kozlowski, directeur marketing de Monabanq. « Faire en sorte que le compte courant, qui est souvent un compte de flux, puisse aussi devenir un compte de valeur. »

La relance des néobanques et fintechs

Si les comptes rémunérés existent en France depuis une vingtaine d’années, ils n’y ont jamais vraiment décollé, contrairement à d’autres pays européens. Mais depuis quelques mois, plusieurs néobanques étrangères (Revolut, N26, Trade Republic) et la fintech française Sumeria (ex-Lydia) les ont relancés comme produit d’appel. Les taux proposés oscillent entre 0,25% et 4%, selon les forfaits et les conditions imposées.

La rémunération peut être soumise à des contraintes (plafonds, utilisation obligatoire de la carte bancaire, frais mensuels) mais elle reste compétitive par rapport aux livrets bancaires classiques. De plus, les intérêts sont calculés quotidiennement et versés plus régulièrement (au mois ou au trimestre), un atout supplémentaire face au mode de calcul par quinzaine du livret A.

Des conditions attractives mais variables

Le principal bémol reste la fiscalité : ces produits sont soumis à la flat tax de 30 %, ce qui limite leur rendement net. Par ailleurs, les taux affichés ne sont pas garantis sur le long terme et peuvent évoluer en fonction des conditions de marché. Pour éviter les comportements opportunistes, certaines banques réservent ces offres aux nouveaux clients et imposent une utilisation régulière du compte.

ÉtablissementTaux brutPlafondAbonnement (€/mois)Conditions
Monabanq2 %4 000 €2 à 910 paiements CB/mois
N260,25 % à 2 %Aucun0 à 16,90Aucune
Revolut1 % à 2,25 %100 000 €0 à 45Aucune
Sumeria4 %100 000 €0 à 9,9010 paiements CB/mois
Trade Republic2 %AucunGratuitAucune

Une alternative crédible mais encore marginale

Pour l’instant, les comptes rémunérés restent marginaux dans le paysage de l’épargne française. Mais dans un environnement de taux volatils et face au recul du livret A, leur attractivité pourrait croître. Ils constituent une porte d’entrée pour les néobanques et un levier commercial pour les banques en ligne traditionnelles, qui cherchent à capter les liquidités en quête de rendement.

Reste à savoir si les Français, traditionnellement attachés aux produits réglementés garantis par l’État, franchiront le pas en nombre. Le succès de ces offres dépendra autant de la stabilité des rémunérations proposées que de la confiance accordée à ces nouveaux acteurs.

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